1 | Date:1914 premiers jours de janvier Proust envoie des roses à Mme Scheikévitch, lui téléphone, puis il vient passer la soirée chez elle. Mme Scheikévitch: "Ce soir-là, il se montra tellement modeste, ou contrefit si bien la modestie (car je suis certaine qu'il sentait, au fond, l'immense portée de son oeuvre) que j'en fus bouleversée. Il y avait souvent dans la manière dont il s'exprimait sur lui-même un parti pris d'humilité, surtout au début de ses visites ; mais lorsqu'il était certain que les compliments qu'on lui adressait se fondaient sur une connaissance approfondie de son oeuvre, sa méfiance se changeait en élans de tendresse et en abandons émouvants de sincérité. A ces moments-là, personne ne révélait une joie plus pure, une nature plus noble que la sienne. Il oubliait ses malaises, son régime, sa mélancolie, et s'abandonnait à une gaieté enfantine."
Souvenirs d'un temps disparu, 1935, p.
144-45
, Record: c70070 |