| 1 | Date:1908 1909
Dans son carnet III de notes pour son roman, Proust constate la mort
du poète en lui, qui avait, dans Jean Santeuil, chanté les beautés de
la nature, et qui a fait place au psychologue:
"Arbres vous n'avez plus rien à me dire. Mon coeur refroidi ne vous entend plus. Mon oeil
constate froidement la ligne que vous divise en parties d'ombre et de lumière. Ce sont les
hommes qui m'intéressent maintenant. l'autre partie de ma vie, où je vous ai chantés, ne
reviendra jamais." Le "carnet III" a été publié par Philip Kolb
sous le titre Le Carnet de 1908. CS
Contre Sainte-Beuve, Gallimard, 1954, p. 42. Bernard de
Fallois cite ce passage du carnet dans sa préface. CS.
Cf. Temps Retrouvé: III, p. 855.
Carnet de 1908, Cahiers Marcel Proust nouvelle
série, n. 8, Gallimard, 1976, pp. 51-52: feuillets 4 verso et 5
Record: c55420 |
2 | Date:1895 18 janvier
1894. Sept essais d'Emerson, traduits par I.
Will, avec préface de Maurice Maeterlinck. In-12.
Bruxellles. p. Lacomblez. xviii-253 p. (Confiance en soi-même; Compensation; Lois de
l'esprit; le Poète; Caractère; l'Ame Suprême; Fatalité.)
1895. Les Surhumains, traduit de l'anglais par Jean Izoulet, avec la collab. de MM. A. Baret et F. Roz. In-12.
Colin et Cie. vi-283 p. (Platon, ou le philosophe; Swedenborg, ou le mystique; Montaigne, ou le
sceptique; Shakespeare, ou le poète; Napoléon, ou l'homme du monde; Goethe, ou l'écrivain).
1851. Essais de philosophie américaine, traduits en français et
précédés d'une introduction par Émile Montégut. Paris, Charpentier.
source : Catalogue des Imprimés, Bibliothèque nationale
Record: c10330 |
3 | Date:1888
Daniel Halévy lui soumet une pièce de vers que Proust corrige, avec des remarques telles que: "Odieux. Informe. Idiot.
Naturaliste, ergo stupide. Belle image, maladroitement amenée. Très bien, mais déjà lu quelque
part." " Tr. B." en marge d'un vers: "Vaporeux yeux cernés de blond mourant et pâle... "
Puis: "Je ne sais plus, j'ai trop mal à la tête". "Et maintenant, mon cher Daniel, que tu m'as
forcé à lire ces vers pleins de talent, mais si pénibles, ennuyeux et parfois exécrables, et à
écrire ces inepties, je te dis ouf, je pose ma plume de critique, j'ôte mon masque de pédant.
j'espère qu'il n'a pas laissé de marques, que tu ne m'en veux pas. Je te serre la main, mais
n'attache aucune importance à ceci. Et puis c'est écrit très vite pendant qu'on corrige un
problème. Mais surtout je n'ai aucune opinion sur ce genre de machines-là. Je n'y ai aucun
plaisir, alors je ne peux pas dire que c'est beau, n'ayant pas encore pu me faire une
esthétique. Et puis c'est autre chose. Enfin je crois plutôt que c'est très mauvais. Pour avoir
la conscience tranquille je me drape dans ma veste et te dis: Jeune homme, lisez Homère, Platon, Lucrèce, Virgile, Tacite, Shakespeare, Shelley, Emerson, Goethe, La Fontaine, Racine, Villon, Théophile, Bossuet, La
Bruyère, Descartes, Montesquieu,
Rousseau, Diderot, Flaubert, Sainte-Beuve, Baudelaire, Renan, France... Vous apprendrez que si votre esprit est original et puissant, vos
oeuvres ne le seront que si vous êtes d'une sincérité absolue, et que le pastiche, le sacrifice
à une forme qui vous plaît, le désir d'être original sont autant de formes un peu cachées, mais
d'autant plus dangereuses, de l'insincérité, puis, mais c'est secondaire, que la simplicité a
des élégances infinies, le naturel des charmes ineffables..."
Record: c2030 |
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